Photographe, cinéaste, peintre, graphiste : les dénominations se multiplient lorsqu’il s’agit de désigner l’artiste William Klein.
Durant toute sa carrière, Klein glisse d’un mode d’expression à un autre de manière subtile mais c’est avec ses contacts peints qu’il parvient à conjuguer à la fois les attentes du photographe, du cinéaste et du peintre. Une approche artistique unique qui renvoie à l’essence même de son œuvre avec une dimension quasi autobiographique.
William Klein est né en 1928 à New york. Débarquant pour la première fois à Paris, en 1948, en tant que GI, il ne revient aux Etats-Unis que sept ans plus tard, après avoir épousé Paris, où il vit toujours. C’est dans l’atelier de Fernand Léger qu’il se forme à la peinture en 1950, avant de se faire un grand nom dans la photographie avec son « New York » révolutionnaire, édité au Seuil en 1956. Rejeté aux Etats-Unis, son travail obtient le prix Nadar en France en 1957.
Dès lors la photographie est devenue pour lui une fenêtre ouverte sur la vie : « je pouvais montrer comment je la voyais et ce que j’en pensais ». Sa liberté d’action est sans limites « Anything goes » a-t-il l’habitude de dire « pas de règles, pas d’interdits ».
Il fait sauter les tabous qui figeaient la photographie : grain, contrastes, bougés, déformations, accidents, décadrages, tout est bon pour exprimer le désordre, pour fixer chaos de la ville. Il déclenche une libération esthétique mais également politique, c’est sans doute ce que les Américains lui pardonneront le moins.
Il abandonne ensuite la photographie pour le cinéma entre 1965 et le début des années 80. Deux de ses films entrent dans la légende : Qui êtes-vous Polly Magoo ? (1966) et Mohammed Ali, The Greatest (1971).
En 1980 il retrouve la photographie et pratique les deux disciplines de manière concomitante. Et c’est avec les contacts peints, à partir des années 90, qu’il arrive à répondre à son ambition de renouvellement des formes classiques de la photographie.
Du 12 novembre au 31 décembre 2008, William Klein présentera pour la première fois, à la Galerie Laurent Strouk, une quarantaine de grands formats de ses contacts peints qui reprennent les différents chapitres de son œuvre : les villes (Gun 1 à New York), les portraits (Allegro Fortissimo) et l’open flash, les coulisses de la mode (Backstage Alaïa, Miyake ou Gaultier).
En effet William Klein a toujours aimé travailler à partir de la planche contact dont il analyse l’évolution, voir la série de films CONTACTS dont il a fait le pilote. Au début de sa carrière c’était comme un « journal intime » mais à la fin de celle-ci il utilise le contact sur le mode du remix : il se réapproprie et réinterprète certaines de ses images les plus célèbres comme pour montrer ce qui est autour, montrer le caractère relatif de tel ou tel cliché, le raturer à l’occasion.
Klein convoque l’image, bien sûr, mais aussi et surtout la peinture. Il reproduit ainsi, en l’amplifiant et en le restructurant, le geste que tous les photographes du monde font en choisissant telle image sur la planche contact. Le contact peint devient alors un cadre : cadre expressif, cadre du geste pictural. La peinture avec ou contre la photographie ?
Le contact peint prend aussi une forme mixte, une sorte « d’entre image », comme si il tentait d’évoquer, à travers le développement de la planche contact, le déroulement de la pellicule cinéma.
Toujours avec cette même ambition de dépasser l’approche traditionnelle de la photographie pour l’amener vers la création de nouvelles œuvres artistiques uniques et originales.
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